Fernand GAUTIER

 
 

Graveur, typographe, imprimeur et peintre… le Narbonnais aura eu mille et une façons de créer. Il laisse une œuvre originale et abondante. La Ville de Narbonne expose l’un de ses brillants enfants.

Voici dix ans que le Narbonnais Fernand Gautier est décédé. À l’initiative de son fils, Robert Gautier, la Ville lui rend hommage du 12 novembre au 5 décembre 2010 au palais des Archevêques. L’exposition est baptisée “Parcours, impressions, autour de Fernand Gautier”. Parcours, car il s’agit d’une pérégrination dans le temps à travers cinquante années de travail artistique. Impressions, celles de cet artiste foisonnant, tour à tour typographe, graphiste, graveur et peintre, devant un texte, un paysage, un château cathare… “Autour de Fernand Gautier” car il multipliait des échanges avec ses proches en art. Né à Narbonne en 1924. Résistant, il fut intégré dans le Régiment Rhin et Danube et fi t un passage par Montmartre pour parfaire sa maîtrise du dessin. De retour à Narbonne, il reprit l’imprimerie familiale qui existe toujours, boulevard Marcel Sembat. “Nous étions liés par les lettres, souligne Robert, professeur de philosophie. L’amour, puis l’amour du métier d’imprimeur lui permirent de composer et tirer des laissez-passer, pour retourner en Allemagne voir celle qu’il épousa, Karola.”

Dès l’origine l’amour s’inscrit dans sa carrière

Exposer, faire partie du noyau fondateur du groupe Recherches Graphiques, avec Joël Picton et mettre en pages des auteurs tels que Marie Rouanet, René Nelli, Yves Rouquette… Fernand Gautier établissait le lien entre ses vocations de typographe-graphiste et de peintre, et le justifiait par l’idée que les premiers hommes, en s’emparant du langage, étaient allés des premiers signes matériels (traits dans le sable, creusés dans le bois, la pierre), à la peinture (Altamira, fresques du Tassili…). Ces tensions sont visibles dans son œuvre graphique à travers les choix de mise en pages, du noir ou de la couleur, des caractères.

Dans l’œuvre gravée, on retrouve les mêmes éléments. Ainsi dans la série des Châteaux cathares, les premiers croquis, sur site, sont figuratifs, puis de reprise en reprise, Fernand Gautier parvient aux lignes de force et ne conserve plus qu’elles et la couleur. Dans sa peinture, d’époque en époque, la figure cédera également le pas à la ligne. La ligne et la lettre sont liées : dans les deux cas, il s’agit de montrer l’être de la chose, ou mieux, peut-être la forme. Certaines toiles contiennent, malgré l’apparente abstraction, des lettres (la série des « A », par exemple). Pour l’imprimerie, qui nécessairement mécanise l’écriture, l’art graphique lui a permis de dépasser cet obstacle et de “faire voyager l’œil et permettre à l’esprit de rêver”, à travers le livre-objet. Cette exposition permet de mieux comprendre la démarche de cet artiste foisonnant.

Parcours impressions autour de Fernand Gautier

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